Sous la plume de Jean-François Schved, médecin hématologue et professeur émérite, le sang devient bien plus qu’un élément biologique : il devient une matière vivante, symbolique, intime. Publié chez L’Harmattan, Le Dictionnaire du sang nous invite à une exploration à la fois scientifique et sensible de ce fluide qui nous traverse toutes. En cent articles clairs et étonnants, Schved interroge le sang dans toutes ses dimensions : médicale, historique, linguistique, artistique, sociale. Un ouvrage passionnant, à lire absolument pour toutes celles qui s’interrogent sur leur corps, leur héritage, et la manière dont la société parle – ou tait – leur réalité biologique.
Un regard éclairé sur le corps féminin
Au fil de ses pages, ce dictionnaire unique en son genre aborde des sujets que la médecine a longtemps négligés ou tabous : le sang menstruel, le sang de l’accouchement, le sang comme révélateur hormonal lors de la grossesse, ou comme témoin silencieux de certaines maladies trop longtemps ignorées chez les femmes.
Jean-François Schved ne cherche pas à édulcorer la réalité. Il dit, avec respect et précision, ce que le sang peut signifier dans la vie d’une femme : douleur, cycle, transmission, fatigue, renouveau. Il en fait un objet d’étude autant qu’un sujet de société, en montrant comment notre rapport au sang est aussi façonné par des normes culturelles, des clichés de genre et des silences pesants.
Un dictionnaire qui redonne du sens à l’expérience vécue
Ce qui fait la force de Le Dictionnaire du sang, c’est sa capacité à lier le savoir médical à des expériences concrètes, parfois intimes. Le sang n’est pas seulement ici une donnée biologique : il est langage, héritage, émotion. Les femmes savent ce que c’est que « perdre du sang », que « vivre avec son sang », que « lire son corps » à travers lui. Or peu de livres scientifiques prennent ce vécu au sérieux. Celui-ci le fait, et avec élégance.
Dans ses entrées consacrées à la symbolique du sang, Jean-François Schved explore aussi les représentations du sang féminin dans la culture : comment il est évoqué – ou évité – dans les mythes, les religions, les films, la littérature. Et ce qu’il révèle des constructions sociales autour du corps des femmes.
Une œuvre de vulgarisation à visée universelle
Parfaitement accessible à un lectorat non scientifique, Le Dictionnaire du sang se lit comme un recueil de récits savants et vivants. On y apprend pourquoi le sang artificiel n’est pas une alternative viable, comment certaines maladies hématologiques touchent différemment les sexes, ou encore comment les groupes sanguins ont permis de mieux comprendre les migrations humaines, les filiations et même certaines inégalités génétiques.
Cette ouverture fait du livre une référence précieuse pour toutes celles qui veulent comprendre comment leur propre corps s’inscrit dans une histoire médicale, mais aussi culturelle et politique.
